Qui sont les victimes de blessures par arme à feu en Guyane ? Dans quel contexte ? Et quelles conséquences ? Nos équipes viennent d’apporter des réponses dans un article scientifique. Un éclairage important pour améliorer leur prise en charge.

La Guyane est le territoire français avec le taux le plus élevé de blessés par arme à feu. Ce sujet majeur était pourtant, jusque-là, peu étudié. Fin mars, le Dr Alexis Fremery, médecin au service Urgences-Samu, a publié avec ses collègues un article dans le <a href="https://doi.org/10.1007/s00068-024-02499-7">European Journal of Trauma and Emergency Surgery</a>, sur le sujet.&nbsp;Cet article s’appuie sur la thèse de médecine d’Elliott Beguinot, soutenue en 2021. Avec le Dr Fremery, il a étudié les dossiers des 340 blessés par arme à feu pris en charge à l’hôpital de Cayenne du 1er janvier 2016 au 31 décembre 2020. Parmi eux, 90 % étaient des hommes, souvent jeunes, généralement blessés la nuit lors d’une agression (83%) avec une arme à canon long (82 %).<figure class="image"><img src="/uploads/20220908_125803_52d6247c0c.jpg" alt="20220908_125803.jpg"></figure><blockquote>Dr Alexis Fremery</blockquote>&nbsp;Au même moment, le CHC a rejoint TraumaBase. Ce registre national compile toutes les données des personnes grièvement blessées admises aux urgences ou en réanimation au CHC. «&nbsp;Le travail d’Elliott Beguinot a été précurseur. Il nous a permis de mettre en place la TraumaBase et de susciter l’intérêt pour ce sujet, qui est majeur en Guyane, salue le Dr Fremery. Ce registre nous permet d’avoir un regard sur l’épidémiologie et la prise en charge des blessés par arme à feu, d’évaluer nos besoins et nos pratiques. Cette base fait office d'observatoire épidémiologique de la traumatologie sévère en Guyane. Elle peut nous permettre d'appuyer des choix de santé publique et d'organisation des soins sur notre territoire. »&nbsp;Diana Ho Kee King a ainsi étudié les dossiers de tous les patients inclus dans la TraumaBase entre septembre 2021 et août 2022, pour sa thèse de médecine. Au CHC, les caractéristiques des patients traumatisés se rapprochent davantage des États-Unis que de l’Hexagone&nbsp;: les traumatismes pénétrants (armes à feu, armes blanches) représentent 40,6% de tous les traumatismes pris en charge au CHC contre 11,9% dans l’Hexagone. Le taux de mortalité est également deux fois inférieur en Guyane que dans l’Hexagone. À cela, plusieurs explications&nbsp;: nos patients sont plus jeunes, souffrent moins de traumatismes crâniens et ont moins commis de tentatives de suicide.&nbsp;Ces travaux fournissent des pistes d’amélioration dans la prise en charge. La radiologie interventionnelle est désormais quasi systématique pour ces patients, depuis l’arrivée en 2020 du Pr Magaly Zappa, cheffe de service d’imagerie médicale. «&nbsp;De fait, nous fonctionnons comme un trauma center, puisque nous prenons en charge tous les patients graves de Guyane. Mais nous sommes un petit territoire, qui n’a pas tous les spécialistes, souligne le Dr Fremery. Le travail de Diana Ho Kee King a montré que nos patients arrivent plus vite aux urgences mais nos délais, au sein de l’hôpital, sont ensuite plus longs. Sur la base des données analysées du registre des traumatisés, nous travaillons avec le Dr Nicolas Higel (service de réanimation), à l'élaboration d'un protocole qui permettra d’améliorer les prises en charge de ces patients : homogénéisation des pratiques, accès rapide à la transfusion, au bloc opératoire et à la radiologie interventionnelle et filiarisation des plus graves avec les centres référents des Antilles et de l’Hexagone.&nbsp;»&nbsp;

De 2016 à 2020, le CHC a pris en charge 340 blessés par arme à feu.

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Les blessés par arme à feu, sujet majeur en Guyane

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