Identifier les patients dont la dengue risque de s’aggraver : telle est l’ambition de l’étude Prédidengue, menée actuellement au Centre Hospitalier de Cayenne.

Depuis le début de l’année 2024, une centaine de personnes se présentent chaque semaine aux urgences du Centre Hospitalier de Cayenne pour suspicion de dengue. Cela représente environ 10 % de l’activité. Certains patients sont très affaiblis, d’autres non. Mais ce tableau clinique ne présage pas toujours l’évolution de la maladie. Alors comment repérer ceux qui développeront une forme grave de la maladie et plus précisément ce que les médecins appellent «&nbsp;une fuite capillaire&nbsp;»&nbsp;? C’est ce qu’essaie de déterminer le projet de recherche Prédidengue, déployé actuellement au CHC.<figure class="image image_resized" style="width:441px;"><img src="/uploads/Predidengue_2_6c232cc5f6.jpg" alt="Prédidengue 2.jpg"></figure><blockquote><h4>Service des urgences de l'hôpital de Cayenne. Photo : Jody Amiet</h4></blockquote>&nbsp;«&nbsp;La fuite capillaire peut apparaître dans la dengue même sans signe de gravité, explique le Dr Paul Le Turnier, infectiologue. La dengue va provoquer une inflammation des petits vaisseaux sanguins, qui vont laisser passer du liquide et des globules rouges. La perte de liquide va provoquer une baisse de tension, voire un état de choc qui peut entraîner une défaillance d’organe.&nbsp;» Mais aujourd’hui, les médecins ont du mal à identifier les patients à risque. «&nbsp;Nous n’avons pas vraiment d’éléments dans les deux ou trois premiers jours. On repérera des profils à risque avec les premiers bilans biologiques&nbsp;», poursuit le Dr Le Turnier.&nbsp;&nbsp;En 2016 et 2017, les Pr Félix Djossou, chef de l’unité des maladies infectieuses et tropicales (Umit), et Mathieu Nacher, chef de service du Département Recherche Innovation Santé Publique (DRISP) au Centre Hospitalier de Cayenne, ont tenté d’identifier des examens – cliniques, biologiques, radiologiques… – permettant de prédire le risque de fuite capillaire, à partir des données de l’épidémie guyanaise de 2013 et de la littérature sur le sujet. «&nbsp;Ce que ça a montré, c’est que ce n’est pas facile. Mais on peut probablement améliorer nos capacités de prédiction du risque de complications en créant un score. Ce serait fort utile, notamment en période d’épidémie où le système de soins est sous tension&nbsp;», reconnaît le Pr Nacher.&nbsp;Les patients se présentant actuellement aux urgences pour une suspicion de dengue se voient proposer de participer à l’étude, qu’ils soient majeurs ou mineurs, à condition que les symptômes datent de quatre jours maximum (les complications interviennent généralement le cinquième jour). En plus des examens cliniques et biologiques habituels, les participants bénéficient d’une échographie et d’analyses complémentaires ajoutées aux prélèvements sanguins de routine. Ils répondent à un questionnaire et sont revus par un médecin deux jours plus tard.&nbsp;&nbsp;«&nbsp;Ce projet fait intervenir les urgences, les urgences pédiatriques, la pédiatrie, le centre intégré drépanocytose, le laboratoire, le centre de ressources biologiques Amazonie, le DRISP, les infectiologues, infirmiers, radiologues, manipulateurs radio&nbsp;», saluent Hélène Hilderal, cheffe de projet, et William Faurous, attaché de recherche clinique investigateur en charge du suivi de l’étude. Le recrutement de participants avaient démarré lors de l'épidémie de 2020 et se poursuit depuis janvier 2024. Il faudra atteindre une cible d'environ 300 patients pour bénéficier de données solides. En cas de succès, des cas graves pourraient être évités lors de prochaines épidémies.&nbsp;Ce projet bénéficie du soutien du FEDER-FSE Guyane 2014-2020 (N°synergie: GY0010329) et du Centre Hospitalier de Cayenne.&nbsp;&nbsp;<img class="image_resized image-style-align-left" style="width:246px;" src="/uploads/2010_UE_logo_5887471cbf.jpeg" alt="2010_UE logo.jpeg"><img class="image_resized image-style-align-left" style="width:289px;" src="/uploads/2010_FEDER_logo_l_europe_s_engage_7597bff68a.jpeg" alt="2010_FEDER logo l europe s engage.jpeg">

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