Le Corevih a réalisé une cartographie précise des infections sexuellement transmissibles en Guyane. Elle révèle que, selon les secteurs géographiques, les tendances ne sont pas les mêmes pour le VIH, la syphilis, les hépatites B et C, la chlamydiose et la gonorrhée.

Chlamydiose, gonorrhée, hépatite B, hépatite C, VIH, syphilis… Dans le monde, plus d’un million de personnes contractent, chaque jour, une infection sexuellement transmissible (IST). Les plus touchés sont les 15-24 ans. La Guyane, avec une population jeune, qui entre plus précocement dans la sexualité, avec de nombreuses relations tarifées et le multipartenariat, présente de nombreux facteurs de risque.&nbsp;En France, c'est sur notre territoire que la prévalence du VIH est la plus élevée ; celles de la syphilis et de la chlamydiose sont parmi les plus hautes. Caroline Pihan, étudiante à l’Institut de santé publique, d’épidémiologie et de développement (Isped) de l’université de Bordeaux (Gironde), a voulu savoir comment ces infections étaient réparties dans le temps et au sein de notre territoire, où elles augmentent, où elles reculent. A l’Est&nbsp;? A l’Ouest&nbsp;? Dans l’agglomération cayennaise&nbsp;? Dans les Savanes&nbsp;? Dans l’intérieur&nbsp;? Elle a donc profité de son stage à la Coordination régionale de lutte contre le VIH (Corevih), de mars à septembre, pour réaliser cette analyse et vient de livrer ses résultats.&nbsp;Le premier constat est que la Guyane est un département qui dépiste beaucoup les IST par rapport aux autres. Le nombre de nouveaux cas d’hépatites B et C et du VIH est stable. En revanche, les nouveaux cas de chlamydiose, gonorrhée et syphilis sont en augmentation. Les chlamydioses sont en particulier en hausse dans l’agglomération cayennaise, puis sur le Haut- et le Bas-Maroni. La gonorrhée s’étend dans l’Est et dans l’Ouest. Pour ces deux infections, le fait qu’elles soient davantage dépistées depuis 2018 explique en partie cette augmentation. Toutefois, il semble qu’une véritable épidémie de syphilis s’installe sur le Bas-Maroni, autour de Saint-Laurent, avec de très forts risques pour les bébés à naître lorsque les femmes enceintes sont touchées.&nbsp;L’hépatite B est très présente sur le Bas-Maroni, sur le Haut-Maroni et l’agglomération cayennaise&nbsp;; l’hépatite C dans l’Est, où elle semble reculer, et dans l’Ouest, où elle semble se développer. Enfin, le nombre de nouveaux cas de VIH est globalement stable, à l’échelle de la Guyane. Le Haut-Maroni, l’agglomération cayennaise et l’Est guyanais sont les plus touchés.&nbsp;Cette étude montre que la situation est très hétérogène au sein du territoire. L’Est et l’Ouest sont très touchés mais connaissent des évolutions différentes&nbsp;: une tendance à la stabilité le long de l’Oyapock et une augmentation dans la vallée du Maroni, où la population est plus jeune. «&nbsp;Généralement, on connaît bien la situation des femmes, grâce aux gynécologues, aux sages-femmes et dans le cadre du suivi de grossesse. En revanche, il est très difficile pour les professionnels de santé de toucher les hommes de 30 à 40 ans en bonne santé&nbsp;», constate Caroline Pihan. Des professionnels de santé, interrogés dans le cadre de cette étude, ont insisté aussi sur la nécessité de renforcer le travail d’information et de prévention dans l’Ouest guyanais.&nbsp;Ce projet est financé par le Centre Hospitalier de Cayenne et le Corevih Guyane, et est mené en partenariat par les laboratoires des hôpitaux de Cayenne, Kourou et Saint-Laurent du Maroni, les laboratoires privés Eurofins, Biosoleil et Biomnis, et les médecins libéraux de Guyane.