Des chercheurs du Centre Hospitalier de Cayenne, de l’Institut Pasteur et de Santé publique France ont publié, fin mai, un article sur les arbovirus circulant en Guyane. Ceux qui touchent l’espèce humaine et les autres. Avec le risque que l’activité humaine, en empiétant chaque année davantage sur la nature, ne provoque un jour la transmission de nouveaux virus à l’homme.

Fièvre jaune, dengue, chikungunya, mayaro, oropouche, tonate, zika… La liste des arbovirus – un groupe de virus transmis par les moustiques, les tiques et les phlébotomes – est très longue. Ces sept-là peuvent être transmis à l’homme et le rendre malade. Le premier symptôme est généralement la fièvre. Certains provoquent des épidémies, parfois des décès. D’autres arbovirus circulent également en Guyane, chez les animaux, sans risque de nous rendre malades. Des chercheurs du Centre Hospitalier de Cayenne, de l’Institut Pasteur et de Santé publique France ont publié, fin mai, un panorama de ces virus dans la revue Viruses. <a href="http://dx.doi.org/10.3390/v15061268">http://dx.doi.org/10.3390/v15061268</a> Ils en décrivent l’importance et les questions qu’ils posent pour l’avenir.&nbsp;&nbsp;<figure class="image image_resized image-style-align-left" style="width:263px;"><img src="/uploads/Timothee_Bonifay_96b80b15e5.jpg" alt="Timothée Bonifay.jpg"><figcaption>Dr Timothée Bonifay</figcaption></figure>Prenons l’exemple de la dengue. Kourou est en épidémie depuis avril. D’autres communes sont touchées. On ne sait pas exactement quand elle est apparue en Guyane. La fièvre jaune, elle, a été décrite quasiment depuis la conquête des Amériques par Christophe Colomb. «&nbsp;Aux XIXe siècle, il&nbsp; y a de belles descriptions d’épidémies dans la littérature, même d’un point de vue épidémiologique, relate le Dr Timothée Bonifay. Ça ne rigole pas&nbsp;! Dans les articles, on sent que la fièvre jaune a marqué les esprits. D’autres arboviroses sont décrites sans qu’on puisse confirmer desquelles il s’agit&nbsp;: les auteurs disent que lors des épidémies, tout le monde était touché mais qu’on n’en mourait pas.&nbsp;» C’est aussi à cette période, vers 1880, que le moustique est suspecté d’être le vecteur de ces arbovirus.Il faut attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour que les arbovirus soient décrits. C’est la course aux arbovirus dans l’Afrique des grands lacs, en particulier avec la fondation Rockefeller. En parallèle la démoustication ne prend pas de gants&nbsp;: le DDT (insecticide) est utilisé à outrance à partir de 1955, pour éradiquer les moustiques vecteurs du paludisme à l’échelle de la planète. Si la démoustification a marché les premières années, les moustiques ont vite développés des résistances. On connaît aujourd’hui l’impact du DDT sur l’environnement et sur l’homme, avec une augmentation des lymphomes, des cancers de la prostate et des maladies neurodégénératives. La France et d’autres pays l’interdisent, à partir des années 1970. Entre-temps, la fièvre jaune a reculé grâce à la vaccination. C’est à cette période que la dengue devient dominante en Guyane. «&nbsp;Depuis, le nombre de cas n’a cessé d’augmenter&nbsp;», constate le Dr Bonifay.&nbsp;La dengue interroge régulièrement les chercheurs. «&nbsp;Pendant les épidémies de chikungunya (2014-2015) et de zika (2015-2017), il n’y avait pas de cas de dengue, se souvient le Dr Bonifay. On a eu l’impression d’une compétition entre les arbovirus, mais on ne l’explique pas.&nbsp;» Depuis, le chikungunya continue de circuler au Brésil, sans se réimplanter chez nous. Là non plus, pas d’explication. La lutte antivectorielle est un axe majeur de prévention mais lorsque les moustiques commencent à résister à certaines molécules, les chercheurs doivent à nouveau s’interroger. D’autres arbovirus, endémiques à la Guyane comme tonate et mayaro, ne provoquent pas d’épidémies. «&nbsp;Ces virus sont liés au milieu forestier. Il n’y a pas de cycle épidémique urbain, explique le Dr Bonifay. Mais plus on grignote sur la forêt, plus on risque d’amener les virus dans un cycle urbain.&nbsp;» Une autre menace pèse également…&nbsp;En Guyane, le vecteur de la dengue est le moustique Aedes aegypti. Il transmet également le zika et le chikungunya dans les Amériques. Mais un de ses cousins s’impose un peu partout dans le monde&nbsp;: Aedes albopictus (le moustique tigre). Dans l’Hexagone, il gagne chaque année de nouveaux départements. Il a été repéré à Macapa (Brésil) et sur l’île de Trinidad. Mais pas en Guyane. «&nbsp;Pourquoi il ne s’est pas implanté en Guyane&nbsp;? C’est incompréhensible, reconnaît le Dr Bonifay. Il n’y a pas de raison qu’il n’arrive pas en Guyane et qu’il entre en compétition avec Aedes aegypti. Or il transmet beaucoup plus de virus. Il n’y a aucune raison qu’il n’arrive pas un jour chez nous. La question, c’est quand&nbsp;?&nbsp;»&nbsp;

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Dengue, chikungunya, zika… : un panorama des arbovirus de Guyane

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