Pour la première fois, des chercheurs de Guyane et de l’Amapa font un point le plus précis possible sur le nombre de personnes touchées par une infection sexuellement transmissible à la frontière entre la Guyane et le Brésil. Le dépistage et la prise en charge s’améliore, mais la situation reste problématique. 

<img class="image_resized image-style-align-left" style="width:316px;" src="/uploads/Whats_App_Image_2023_03_28_at_14_54_47_8805063436.jpeg" alt="WhatsApp Image 2023-03-28 at 14.54.47.jpeg">Après le Maroni, l’Oyapock. Tour à tour, les chercheurs de Guyane se sont intéressés, avec leurs collègues du Suriname puis du Brésil, à la situation des infections sexuellement transmissibles (IST) à nos deux frontières. Un premier article https://doi.org/10.3389/fmed.2022.994964&nbsp; avait été publié en octobre 2022 pour l’Ouest guyanais&nbsp;; le second https://doi.org/10.3389/fpubh.2023.1059137 l’a été en janvier 2023, pour l’Est guyanais.«&nbsp;Début 2022, quand le Covid-19 a reculé, nous avons organisé une rencontre avec nos collègues du Suriname, à l’hôpital d’Albina, pour parler des IST, se souvient le Dr Céline Michaud, infectiologue référente pour les centres délocalisés de prévention et de soins (CDPS) du Centre Hospitalier de Cayenne. Nous avons discuté de nos pratiques et de nos collaborations, qui ne sont pas organisées de façon officielle. Le Pr Mathieu Nacher a proposé que l’on écrive un article collaboratif sur la situation des infections sexuellement transmissibles des deux côtés du Maroni.&nbsp;» L’idée a alors semblé naturelle de faire le même travail pour l’Oyapock.&nbsp;Ce que rappelle l’article, c’est que la collaboration est organisée entre Saint-Georges et Oiapoque. Dès 2013, le Dr Emilie Mosnier, infectiologue des CDPS jusqu’en 2018 , José Gomes (association Daac) et Sophie Rhodes (ID Santé) ont travaillé à la mise en œuvre du projet Oyapock Coopération Santé, avec l’association brésilienne DPac Fronteira. Quatre ans plus tard, OCS fonctionnait bien avec des interventions se concentrant sur trois thèmes&nbsp;: la prévention du VIH, la lutte contre les violences faites aux femmes et la lutte contre les grossesses non désirées.&nbsp;«&nbsp;Depuis 2017, il y a eu des progrès remarquables&nbsp;», se réjouit le Dr Céline Michaud, l’infectiologue actuelle des CDPS, coordinatrice médicale du projet OCS. A l’époque, les habitants d’Oiapoque vivant avec le VIH ne pouvaient pas être suivis dans leur ville de résidence. Ils devaient soit se rendre jusqu’à Macapa, à dix heures de piste, soit prendre la pirogue pour venir au CDPS de Saint-Georges. La majorité des personnes suivies à Saint-Georges étaient alors originaires d’Oiapoque. Le 20 mars 2019, pour la première fois, le suivi médical de ces personnes a été possible à Oiapoque. Ils sont de plus en plus nombreux à en bénéficier.<figure class="image image_resized" style="width:543px;"><img src="/uploads/Suivi_patients_Oyapock_ok_9a9847edc0.jpg" alt="Suivi patients Oyapock ok.jpg"></figure>Trois raisons peuvent expliquer l’augmentation du nombre de personnes prises en charge à Oiapoque, selon les auteurs&nbsp;:&nbsp;- L’épidémie de VIH ne serait pas sous contrôle, «&nbsp;dans une région où un grand nombre de travailleurs du sexe, d'orpailleurs mobiles et même de touristes sexuels fréquents sont confrontés à un dépistage insuffisant et à des obstacles importants à l'accès au traitement&nbsp;»&nbsp;;- Avec l’amélioration du dépistage du VIH ces dernières années, davantage de personnes infectées sont diagnostiquées&nbsp;;- La possibilité d’être suivi médicalement à Oiapoque attire des personnes qui étaient infectées mais n’étaient pas suivies.&nbsp;Quelle que soit la raison, la situation de l’infection par le VIH est très préoccupante à la frontière avec le Brésil. «&nbsp;L’Amapa est l’Etat brésilien où la mortalité due au VIH/Sida a le plus augmenté entre 2010 et 2020 (…) Entre 2007 et 2021, 1&nbsp;801 cas de VIH ont été notifiés dans l’Amapa (dont 598 femmes enceintes), avec une augmentation récente depuis la déclaration obligatoire du VIH en 2015.&nbsp;» Oiapoque est la deuxième ville la plus touchée de l’Amapa et l’Amapa est le deuxième Etat où les enfants sont le plus touchés par le VIH. «&nbsp;Globalement, si l’épidémiologie de l’infection par le VIH est préoccupante en Amapa, la situation épidémique du VIH à Oiapoque est parmi les plus préoccupantes, avec un nombre de nouvelles infections se rapprochant des niveaux observés en Guyane – entre 50 et 70 pour 100&nbsp;000 habitants&nbsp;», notent les auteurs de l’article.&nbsp;Les chercheurs se sont aussi intéressés aux autres infections sexuellement transmissibles&nbsp;: hépatite B, chlamydia, gonorrhée, syphilis, papillomavirus humain (HPV). Le premier constat, c’est que de plus en plus de personnes sont dépistées, même si c’est sans doute encore insuffisant. «&nbsp;Les gonorrhées, chlamydia et syphilis sont en train d’exploser, déplore le Dr Michaud. Avec des conséquences sur les enfants qui naissent.&nbsp;» La situation de la syphilis est par exemple compliquée&nbsp;: les mamans sont dépistées pendant la grossesse, mais rarement les papas. S’ils ne sont pas traités, ils vont les réinfecter.&nbsp;Les auteurs de l’article constatent que faire changer les pratiques – par exemple l’utilisation du préservatif – est difficile. «Pour le VIH, diagnostiquer et traiter les patients le plus tôt possible sont le meilleur moyen de réduire la transmission du virus. Pour l’hépatite B et le HPV, les vaccins disponibles restent peu utilisés (…) La coopération en cours entre de multiples partenaires de part et d’autre de la frontière a conduit à des progrès remarquables dans la prévention, dans le dépistage et le traitement. Cette coopération doit se poursuivre car, dans cette région où les comportements sexuels à risque sont fréquents, stopper les efforts visant à contrôler les IST se traduirait par une accélération rapide de la transmission.»&nbsp;&nbsp;

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Sur l’Oyapock, une collaboration étroite contre les IST

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