Plongée à 3,2 millions d’années
Des chercheurs du CHU de Guyane se sont intéressés à la diversité génétique des histoplasma en Guyane et en Amérique du Sud. Ces champignons sont responsables de l’histoplasmose, première cause de mortalité des personnes vivant avec le VIH sur le continent. Ils viennent de publier leurs découvertes.


C’est à une plongée à moins 3,2 millions d’années que nous invite Tani Ly, chercheuse à l’Université de Guyane, et plusieurs de ses collègues. Une plongée à une époque où les plaques continentales se connectaient pour former les Amériques. Dans le cadre de son doctorat, elle a souhaité étudier la diversité génétique, en Guyane, des histoplasmes, les champignons responsables de l’histoplasmose. Cette dernière est, en Amérique du Sud, la principale maladie opportuniste chez les personnes vivant avec le VIH, comme l’a révélé <a href="https://www.ght-guyane.fr/chc/article/27">Centre Hospitalier de Cayenne</a>.&nbsp;&nbsp;Au moment d’identifier les histoplasmes, la méthode utilisée, relativement ancienne, ne donne pas de résultats. «&nbsp;Notre hypothèse, c’est qu’en raison de la diversité génétique, la technique ne reconnaissait pas les souches&nbsp;», explique le Pr Mathieu Nacher, chef de service du Département Recherche Innovation Santé Publique du CHU de Guyane. Démarre une cascade de collaborations. Le Pr Nacher se tourne vers des chercheurs en Colombie, qui l’orientent vers un confrère brésilien travaillant alors aux États-Unis. «&nbsp;Il a séquencé le génome entier de toutes nos souches, se souvient le Pr Nacher. Grâce à nos collaborations, nous en avions également de Bélèm (Brésil), du Venezuela, du Suriname et du Guyana.&nbsp;» Son confrère brésilien se rapproche à son tour d’un spécialiste de la spéciation des champignons – c’est-à-dire dus processus par lequel se forment de nouvelles espèces. Il travaille à l’Université de Caroline-du-Nord, toujours aux États-Unis. Il se penche sur les souches envoyées par la Guyane. <a href="https://doi.org/10.1101/2025.04.01.25324933">Les résultats, prépubliés</a>, sont bluffants.&nbsp;«&nbsp;Ils montrent que l’Amérique latine est le territoire où il y a la plus grande diversité d’histoplasmes, révèle le Pr Nacher. Il y en a au moins sept lignées. Quatre sont présentes en Guyane, dont deux qui n’avaient jamais été décrites auparavant.&nbsp;» Les mutations génétiques entre les espèces montrent aussi qu’elles sont apparues il y a 3,2 millions d’années, au moment où les plaques continentales se connectaient.Ce travail soulève de multiples questions&nbsp;: «&nbsp;Pourquoi les atteintes provoquées par l’histoplasmose ne sont pas les mêmes selon les patients&nbsp;? Est-ce le hasard ou est-ce parce qu’à une espèce d’histoplasme correspond un profil particulier de la maladie&nbsp;? Est-ce que les différences génétiques sont associées à des différences de maladie&nbsp;? On n’en sait rien&nbsp;», reconnaît le Pr Nacher. Mais davantage que les questions qu’ils soulèvent, il retient de ces travaux que «&nbsp;c’est par les collaborations que nous sommes arrivés à de tels résultats. La recherche, c’est collaboratif.&nbsp;»&nbsp;<figure class="image image_resized image-style-align-left" style="width:323px;"><img src="/uploads/Mathieu_Nacher_3bbc6a1264.png" alt="_Mathieu Nacher.png"><figcaption>Le Pr Mathieu Nacher</figcaption></figure>

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Histoplasmose : de nouvelles découvertes

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