L’UA17, c’est quoi ?
En avril, le PDG de l’Inserm est venu pour la première fois. Il a rencontré les chercheurs de la nouvelle unité de recherche Santé des populations en Amazonie, créée au 1er janvier. On vous explique le fonctionnement et les objectifs de cette unité, qui regroupe environ 45 chercheurs en santé du CHU, de l’Université de Guyane et de l’Institut Pasteur.


Fin février, l’Inserm a officialisé la création de l’unité ad hoc Santé des populations en Amazonie. Cette unité de recherche fédère environ 45 chercheurs du CHU de Guyane, de l’Institut Pasteur et de l’Université de Guyane. Fin avril, à l’occasion de sa première visite en Guyane, le PDG de l’Inserm a rencontré les équipes. Il a également visité le nouveau bâtiment enseignement - recherche du CHU.&nbsp;Mercredi 23 avril, le Pr Didier Samuel, président-directeur général de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), est venu en Guyane. C’était la première fois qu’un PDG de l’Inserm effectuait le déplacement. Il y a rencontré les chercheurs locaux et visité le tout nouveau bâtiment de recherche du CHU&nbsp;:<a href=" https://www.ght-guyane.fr/chc/article/119 "> l’Institut Santé des populations en Amazonie (Ispa)</a>.&nbsp;Cette infrastructure moderne, qui met l’accent sur l’innovation en santé, constitue une avancée stratégique pour l’avenir de la recherche en Guyane, souligne le Pr Antoine Adenis, chef du pôle Recherche, Innovations, Santé Publique du CHU.&nbsp;Cet avenir passe également par la création de l’unité ad hoc Santé des populations en Amazonie (UA 17). L’Inserm l’a officialisée fin février. Elle regroupe environ 45 chercheurs du CHU de Guyane, de l’Institut Pasteur et de l’Université de Guyane. Le Pr Mathieu Nacher, chef de service du Département Recherche Innovation Santé Publique, en est le directeur&nbsp;; Christophe Peyrefitte, directeur de l’Institut Pasteur de Guyane, en est le directeur adjoint. En fédérant les chercheurs autour de quatre axes de recherche, l’objectif est de rendre « visible et lisible » la recherche, déjà dynamique sur le territoire.&nbsp;« Ce projet, qui a débuté en 2014, répond aujourd’hui aux attentes des chercheurs et des soignants. Je pense que cela change les mentalités, motive les équipes et rend notre site très attractif. Les chercheurs ont envie de venir et cela crédibilise notre projet », se réjouit le Pr Nacher, avant d’ajouter : « Nous allons bénéficier d’outils que nous n’avions pas auparavant : des espaces d’enseignement, un auditorium, des salles de travail et de réunion modernes, ainsi que de nombreux dispositifs de visioconférence, essentiels dans un établissement où l’affluence croît rapidement, rendant l’accès aux espaces de plus en plus difficile. »&nbsp;Un écosystème de recherche en plein essorDe son côté, Didier Samuel, très attentif tout au long de la visite, a exprimé sa satisfaction : « Ma première impression est très positive. C’est une véritable surprise. Il existe ici un écosystème de recherche dynamique. Pour moi, il est essentiel de voir comment la recherche est protégée et encouragée. Et, de ce que j’ai observé, c’est clairement le cas », a-t-il affirmé. Il a également salué « la volonté commune entre universitaires, hôpitaux et l’ARS de porter un véritable projet hospitalo-universitaire ».&nbsp;« Ce projet s’inscrit pleinement dans le triptyque d’un CHU : soins, enseignement et recherche. Nous y sommes&nbsp;», poursuit Christophe Bouriat, directeur général par intérim du CHU. L’unité ad hoc, comme l’Ispa, ambitionne de devenir un véritable carrefour d’échanges scientifiques, dans un esprit d’ouverture et la collaboration multidisciplinaire. Tous deux offrent de nouvelles perspectives de rayonnement à l’échelle nationale et internationale.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Visite_Pasteur_b26231f7f7.jpg" alt="_Visite Pasteur.jpg"><figcaption>Le PDG de l’Inserm lors de sa visite à l’Institut Pasteur de Guyane.</figcaption></figure>

L’unité ad hoc 17 Santé des populations en Amazonie est une unité de recherche labellisée par l’Inserm. Elle fédère environ quarante-cinq chercheurs répartis entre le CHU de Guyane, l’Institut Pasteur et l’Université de Guyane. A eux tous, ils publient environ 170 articles par an dans des revues scientifiques. Ces trois structures constituent également les tutelles de l’UMR, au côté de l’Inserm. L’UA 17 est autorisée jusqu’au 31 décembre 2027. Les créations d’UMR se faisant par vagues du Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (HCeres), la prochaine vague pour la Guyane aurait été 2027. La création ad hoc par l’Inserm a permis d’anticiper les choses et d’avoir une unité labellisée dès 2025, soulignant ainsi le fort soutien de l’Institut à la recherche en Guyane.&nbsp;Lors de la prochaine vague HCeres, elle fera l’objet d’une évaluation en vue de sa transformation en unité mixte de recherche (UMR), qui est un peu la brique de base de la recherche scientifique en France.&nbsp;L’UA 17 concentre ses travaux autour de quatre axes :&nbsp;•&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Pathologies infectieuses et tropicales ;•&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Pathologies chroniques en Amazonie (cardiologie et pathologies neurovasculaires, santé mentale, facteurs de risque, HTA, diabète, obésité, cancers…) ;•&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant ;•&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Culture, société et santé (inégalités sociales de santé, médiation en santé, soins primaires, représentations de la santé, comportements de santé, pharmacopée traditionnelle).Plusieurs travaux ont été détaillés lors de la première rencontre de l’unité, le 6 juin. Ils concernent&nbsp;:•&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Le paludisme avec les projets Malakit et Curema, (<a href="https://www.ght-guyane.fr/chc/article/111">Lire cet article de la Lettre Recherche</a>) ainsi que la surveillance de la résistance à l’artémisinine ;•&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; L’étude de la transmission vectorielle de pathogènes d’importance locale ou générale ainsi que le développement de méthodes et produits alternatifs aux insecticides (méthodes Wolbachia, <a href="https://www.guyane.ars.sante.fr/media/131588/download?inline">lire la Lettre pro du 5 novembre</a>) ;&nbsp;•&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; La tuberculose avec l’étude de la diversité des souches de Mycobacterium tuberculosis et d’autres mycobactéries non tuberculeuses ;•&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; La virologie avec l’identification de nouveaux virus et l’étude des relations environnement/hôtes/micro-organismes…•&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; La poursuite des travaux sur l’histoplasmose (<a href="https://www.guyane.ars.sante.fr/media/118334/download?inline">lire la Lettre pro du 26 décembre 2023</a>) ;&nbsp;•&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Le VIH avec la cohorte hospitalière, le projet Parcours d’Haïti (<a href="https://www.ght-guyane.fr/chc/article/47">lire cet article de la Lettre Recherche</a>) et les enquêtes sur la sexualité ;•&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; La lèpre et notamment l’étude de la transmission par les tatous (<a href="https://www.ght-guyane.fr/chc/article/17">lire cet article de la Lettre Recherche</a>) ;&nbsp;•&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Le diabète et la cohorte Codiam regroupant 1 185 patients diabétiques (<a href="https://www.guyane.ars.sante.fr/media/124267/download?inline">lire la Lettre pro du 9 février 2022</a>) ;&nbsp;•&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; L’hypertension artérielle et le projet Depiprec consistant à faire dépister l’hypertension par des relais communautaires au plus près domicile, afin de réduire l’incidence des AVC (<a href="https://www.ght-guyane.fr/chc/article/99">lire cet article de la Lettre Recherche</a>) ;&nbsp;•&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Les cancers avec son registre (<a href="https://www.ght-guyane.fr/chc/article/66">lire cet article de la Lettre Recherche</a>) ;&nbsp;•&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Les grossesses et la pédiatrie avec les projets sur les infections pendant la grossesse, le registre informatisé des issues de grossesse, les travaux sur la prématurité, la prééclampsie et l’éclampsie (<a href="https://www.ght-guyane.fr/chc/article/97">lire cet article de la Lettre Recherche</a>), &nbsp;l’insécurité alimentaire (<a href="https://www.ght-guyane.fr/chc/article/109">lire cet article de la Lettre Recherche</a>), l’impact des métaux lourds et l’impact des inégalités sociales de santé.Mais ce n’est qu’un échantillon de ce qui se fait…&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/UMR_sante_des_populations_en_Amazonie_044637532c.JPG" alt="_UMR santé des populations en Amazonie.JPG"><figcaption>Les quatre axes de recherche de l’UA 17 Santé des populations en Amazonie.</figcaption></figure>

« Avec l’UMR, nous gagnons en lisibilité, constatait le Pr Mathieu Nacher, au moment de la création de l’unité ad hoc. Actuellement, nous sommes fragmentés (entre les chercheurs du CHU, de l’université, de l’Institut Pasteur et d’autres organismes de recherche traitant de sujets de santé). Avec l’UMR, nous constituons une « Team Guyane ». L’UMR s’appelle « Santé des populations en Amazonie ». Notre bâtiment enseignement recherche s’appelle « Institut Santé des populations en Amazonie ». A l’Université de Guyane, la commission ad hoc s’appelle « Santé des populations en Amazonie ». Nous envisageons de créer un Living Lab (laboratoire vivant) qui s’appellera « Santé des populations en Amazonie ». Nous continuons de travailler sur nos sujets de recherche, mais nous sommes désormais dans la même équipe. »&nbsp;Le 6 juin, lors du séminaire de l’UA 17, il rappelait que jusqu’à récemment il existait des équipes d’UMR hexagonales dans les Outre-mer mais qu’«&nbsp;il n’y avait qu’une unité mixte de recherche Inserm basée en Outre-mer. Cette UMR PIMIT se trouvait à La Réunion. Avec 175 publications en cinq ans, elle avait reçu une très bonne évaluation. Or en Guyane, nous sommes déjà très productifs. Lors de sa visite en avril, l’Inserm avait apprécié le bouillonnement de thématiques sur le territoire. Il nous faudra cependant donner une cohérence et une lisibilité à ce bouillonnement pour les évaluations futures. Demain, avec cette unité de recherche, si nous parvenons à mettre en place un master 2 Médecine tropicale avec une touche amazonienne, ce livrable de l’intégration des forces ce Guyane serait une vraie valeur ajoutée.&nbsp;»&nbsp;<figure class="image image_resized" style="width:255px;"><img src="/uploads/Mathieu_Nacher_3bbc6a1264.png" alt="_Mathieu Nacher.png"><figcaption>Le Pr Mathieu Nacher, directeur de l’UA 17.</figcaption></figure>

Lors du séminaire de l’unité ad hoc, le 6 juin, Christophe Peyrefitte, directeur de l’Institut Pasteur de la Guyane, a salué «&nbsp;un moment important, un moment stratégique d’orientation à long terme de l’Institut Pasteur de Guyane, qui rentre dans cet écosystème de collaboration qu’est l’UA 17. Nous rentrons dans une relation de confiance. Cette confiance et cette certaine souplesse, je voudrais qu’elles deviennent naturelles, qu’on décloisonne. Ça ne déshabille personne, c’est simplement une capacité à travailler ensemble. Nous avons ce bâtiment magnifique (l’Ispa). La manière dont nous pourrons l’utiliser sera importante. Nous sommes plusieurs à donner des cours à la faculté. Pourquoi ne pas poser la question d’utiliser les salles de l’Ispa qui sont mieux&nbsp;que les préfabriqués. Je suis très optimiste pour les deux années à venir. Cette unité fait déjà le buzz. J’espère que ce seront nos résultats et nos publications qui feront le buzz bientôt.&nbsp;»&nbsp;<figure class="image image_resized" style="width:493px;"><img src="/uploads/Christophe_Peyrefitte_4a888cece9.jpg" alt="_Christophe Peyrefitte.jpg"><figcaption>Christophe Peyrefitte, directeur de l’Institut Pasteur de Guyane.</figcaption></figure>

Laurent Linguet, président de l’Université de Guyane, est revenu sur l’avantage de créer une unité de recherche Santé des populations en Amazonie, le 16 juin, à l’occasion de la création du CHU&nbsp;: «&nbsp;Pour la première fois, nous allons réunir tous les chercheurs en santé qui travaillent en Guyane. Nous allons faire converger nos travaux sur des recherche innovantes.&nbsp;»&nbsp;Avant cela, il avait souligné combien «&nbsp;le CHU sera un accélérateur scientifique. Avec le soutien des équipes hospitalières, des équipes universitaires, des partenaires institutionnels comme l’Institut Pasteur de Guyane et l’Inserm, nous avons posé une première pierre. Nous avons créé une équipe de recherche Santé des populations en Amazonie. Avec le CHU, nous allons structurer, aller plus loin. Nous allons œuvrer pour une recherche adaptée à la réalité tropicale, pluriculturelle, amazonienne de notre territoire. Nous allons amplifier les collaborations qui existent déjà avec nos partenaires amazoniens, caribéens, sud-américains, nord-américains, pour faire de la Guyane un véritable pôle d’excellence dans le domaine de la recherche en santé. Je veux saluer le directeur de cette équipe de recherche, le Pr Mathieu Nacher, et tous ceux qui l’accompagnent&nbsp;: le Pr Antoine Adenis et bien d’autres. Avec le CHU, nous allons avoir l’occasion de faire rayonner la science en santé en Guyane.&nbsp;»&nbsp;&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Laurent_Linguet_73d763484e.jpeg" alt="_Laurent Linguet.jpeg"><figcaption>Laurent Linguet, président de l’Université de Guyane</figcaption></figure>