Histoplasmose : et ailleurs dans le monde ?
Des chercheurs du CHU de Guyane ont analysé les données de la cohorte FHDH, qui réunit dix millions d’observations sur près de 200 000 patients pris en charge dans les hôpitaux français depuis 1989. Ils se sont intéressés aux patients ayant développé une histoplasmose, première cause de mortalité chez les PVVIH en Amérique du Sud. Leurs travaux donnent une idée plus précise de l’impact de cette maladie dans d’autres régions du Globe.


La cohorte FHDH, coordonnée par l’ANRS-MIE, est la plus grande base de données sur les personnes vivant avec le VIH (PVVIH). Elle réunit dix millions d’observations sur près de 200&nbsp;000 patients pris en charge dans les hôpitaux français depuis 1989. Parmi eux figurent des patients hospitalisés en Guyane et notamment des personnes atteintes d’histoplasmose, la principale maladie opportuniste et principale cause de mortalité chez les PVVIH en Amérique du Sud. Avec onze autres chercheurs, le Pr Mathieu Nacher, chef de service du Département Recherche Innovation Santé Publique (DRISP) du CHU de Guyane, s’est appuyé sur cette cohorte pour s’assurer que d’autres territoires, dans le monde, ne passeraient pas à côté de nombreux diagnostics d’histoplasmose. <a href="https://doi.org/10.3201/eid3107.241931">Leurs résultats seront publiés en ce mois de juillet.</a>&nbsp;&nbsp;<img class="image_resized image-style-align-left" style="width:242px;" src="/uploads/Mathieu_Nacher_3bbc6a1264.png" alt="_Mathieu Nacher.png">«&nbsp;L’histoplasmose est une maladie négligée, rappelle-t-il. En Amérique latine, il y en a beaucoup. Nous avons été contactés par des médecins de différents pays d’Afrique, qui en trouvaient chez leurs patients. Une idée angoissante, c’était que s’il y avait la même incidence de l’histoplasmose en Afrique, vu le nombre élevé de PVVIH dans ces pays, ce serait une catastrophe. En simulant l’incidence de l’histoplasmose en Amérique du Sud sur le nombre de PVVIH en Afrique, le résultat était effrayant.&nbsp;»&nbsp;Avec ses collègues, il a cherché les cas d’histoplasmose chez les près de 200&nbsp;000 patients de la cohorte FHDH. Ils en ont identifié 553. Ils ont d’abord regardé dans quel hôpital étaient pris en charge ces patients. Cette donnée montre que, sur une année, un cas d’histoplasmose était découvert chez&nbsp;:&nbsp;<ul><li>9,41 % des patients de Guyane&nbsp;;</li><li>0,76 % des patients de Guadeloupe et 0,62 % des patients de Martinique, soit plus de dix fois moins&nbsp;;</li><li>0,079 % des patients de l’Hexagone, soit plus de cent fois moins qu’en Guyane.</li></ul>Ils ont ensuite regardé d’où les patients pris en charge dans l’Hexagone et souffrant d’histoplasmose étaient originaires&nbsp;:&nbsp;<ul><li>Ceux d’Amérique latine étaient les plus touchés avec une incidence de 4,73 %&nbsp;;</li><li>Suivaient ceux de la Caraïbe&nbsp;: 1,36 %&nbsp;;</li><li>Puis ceux originaires d’Afrique subsaharienne et d’Asie&nbsp;: 0,19 %.</li></ul>&nbsp;«&nbsp;Cela signifie que ces continents ont de l’histoplasmose mais moins que nous. L’incidence chez les patients originaires d’Afrique ou d’Asie est supérieure à celle des patients originaires de l’Hexagone mais n’atteint pas le niveau de l’Amérique latine. Ce résultat est plutôt rassurant. Il convient désormais de poursuivre sur le terrain ces travaux pour mesurer le poids de la maladie.&nbsp;» C’est ce que font notamment le Pr Antoine Adenis, chef de pôle recherche et santé publique du CHU de Guyane, et le Dr Ugo Françoise, comme nous vous l’avions relaté dans <a href="https://www.ght-guyane.fr/chc/article/107">la Lettre Recherche</a>.&nbsp;&nbsp;

Évolution de l’incidence d’histoplasmose disséminée (pour 1 000 personnes-années) dans l’Hexagone (trait bleu continu, échelle de gauche), les Antilles (trait orange, échelle de gauche) et la Guyane (pointillés, échelle de droite).

Histoplasmose FHDH.JPG

Évolution de l’incidence d’histoplasmose disséminée (pour 1 000 personnes-années) dans l’Hexagone (trait bleu continu, échelle de gauche), les Antilles (trait orange, échelle de gauche) et la Guyane (pointillés, échelle de droite).