Le Dr Nathalie Deschamps, neurologue au CHC, étudie les neuropathies périphériques. Elle vient de publier un article sur leurs causes en Guyane. Ses travaux vont se poursuivre au cours de cette année 2025.

Les neuropathies périphériques correspondent à un dysfonctionnement des neurones du système nerveux périphérique. Elles touchent généralement les extrémités, c’est-à-dire les pieds et les mains. Elles peuvent provoquer des fourmillements, engourdissements, douleurs, voire des troubles moteurs&nbsp;: faiblesses musculaires, amyotrophies, crampes musculaires… De 2 à 8 % de la population générale en souffrent. Le Dr Nathalie Deschamps, neurologue à l’hôpital de Cayenne, les étudie dans le cadre de sa thèse de sciences. Fin décembre, elle a publié un <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pone.0315760">article</a> sur leurs causes chez les patients pris en charge à l’hôpital de Cayenne entre 2015 et 2023.&nbsp;&nbsp;<figure class="image image_resized" style="width:342px;"><img src="/uploads/Nathalie_Deschamps_9893d73e20.jpg" alt="Nathalie Deschamps.jpg"></figure><blockquote>Le Dr Nathalie Deschamps</blockquote>&nbsp;«&nbsp;Il me fallait cet état des lieux. Connaître les causes des neuropathies périphériques me permettra de diriger les travaux futurs&nbsp;», explique le Dr Deschamps, accueillie en poste d’accueil recherche au Département Recherche Innovation Santé Publique (DRISP).&nbsp;Sur cette période, 754 patients ont été pris en charge à l’hôpital de Cayenne pour une neuropathie périphérique. Leurs dossiers médicaux montrent que la Guyane partage les caractéristiques des pays développés mais aussi des pays en voie de développement. En effet, parmi les causes des neuropathies périphériques, la neurologue a retrouvé&nbsp;:<ul><li>le diabète chez plus de la moitié des patients (58,2 %)&nbsp;;</li><li>la toxicité de la polyneuropathie induite par la chimiothérapie (21,5 %)&nbsp;;</li><li>le syndrome de Guillain-Barre (6 %)&nbsp;;</li><li>les causes indéterminées (3,2 %)&nbsp;;</li><li>les causes infectieuses (2 %), en particulier l’infection par le VIH et la lèpre.</li></ul>&nbsp;Les deux premières causes sont caractéristiques des pays développés, tout comme le fait que la population soit majoritairement féminine (53,6 %) et âgées de plus de 50 ans (20,8 %). Les causes infectieuses pour leur part, semblent plus fréquentes que dans les pays développés. Le syndrome de Guillain-Barré était la principale cause associée à une neuropathie sévère.&nbsp;Les neuropathies liées au diabète étaient surreprésentées. Or, des études ont montré une augmentation de l’incidence des accidents vasculaires cérébraux chez ces patients sans que le mécanisme sous-jacent ne soit établi. «&nbsp;Nous allons chercher à les déterminer&nbsp;», indique le Dr Deschamps. Une autre étude portera sur les neuropathies de patients souffrant de la lèpre et sur la manière dont ils évoluent sous traitement.&nbsp;«&nbsp;Cette étude montre aussi que 3 % des patients n’avaient pas de cause identifiée, poursuit la neurologue. L’objectif est de chercher s’il y a d’autres facteurs explicatifs particuliers à la Guyane.&nbsp;» Ce sera l’objet du projet Yananer qui se concentrera sur des facteurs potentiellement pathogènes que sont l’exposition aux métaux lourds (plomb, mercure), l’infection par arbovirose (dengue, chikungunya, zika) et la consommation de plantes. L’ensemble de ces travaux pourraient aboutir au cours de cette année 2025 et permettre d’améliorer la prise en charge de ces patients.&nbsp;&nbsp;

Le Dr Nathalie Deschamps, neurologue, vient de publier un article sur les causes des neuropathies périphériques en Guyane.